Découvrir la Terre de Feu
C’est avec impatience que, le vendredi 21 mai, nous montons dans l’avion qui va nous conduire jusqu’en Terre de Feu : Ushuaia. A peine arrivés, nous sommes déjà conquis par le charme de cette ville du bout du monde. Une atmosphère particulière se dégage de ce territoire isolé : une sérénité, un endroit où l’on prend le temps, où tout est possible. Je n’ai pas les mots pour retranscrire les émotions que nous y avons ressenti, mais malgré le froid et le vent glacial, une chaleur intense est présente à chaque coin de rue. Alors évidemment, je ne parle pas des maisons, des restaurants, des boutiques très bien chauffés, ni de l’accueil chaleureux des ushuaïens – ennes. Je fais référence à un ressenti personnel qui va au-delà des sourires et des bonnes conditions de vie qu’il y a dans ce pays. Être au point le plus austral du monde, toucher du doigt l’Antarctique, en avoir rêvé et enfin être là, voir de ses propres yeux, écouter de ses propres oreilles… c’est euphorisant, électrisant.
Nous ne perdrons pas une seule minute. Dès notre arrivée, direction l’office du tourisme pour avoir toutes les infos nécessaires à notre séjour et pour faire tamponner nos passeports avec le tampon « touristique ». C’est un souvenir topissime et qui, encore une fois, ne prend pas de place ! Puis nous nous baladerons dans la ville qui regorge de boutiques de marques de sports de montagne, de cafés, de restaurants et de souvenirs. Nous finirons par le port, où nous réserverons une excursion en mer avec l’agence Paludine, pour le 23 mai, jour de nos 12 ans de mariage. Le lendemain matin, nous contactons un chauffeur de taxi rencontré la veille. Il sera notre guide-chauffeur pour la journée. Il nous conduit parcourir le Parc National Tierra Del Fuego. La nature est recouverte d’une couche de neige gelée, il faut être prudent à chaque pas. Le parc s’étend sur 63 000 hectares de forêt, nous en sommes sous le charme : des hêtres de Magellan, des lengas, des rivières, des lacs et des fleuves translucides extrêmement bien protégés. De belles randonnées sont possibles. Et on y trouve aussi l’office postal le plus austral au monde. C’est assez surprenant de le voir là, tout seul, sur un quai, il nous rappelle celui d’un fameux dessin animé 😉. Malheureusement nous sommes samedi, il est fermé.
Au programme du dimanche, balade de 3 heures en mer avec la super agence Paludine : petit bateau, 10 personnes maximum, des explications données par un passionné autodidacte et un capitaine génialissime. Il fait très beau et doux. Nous trépignons d’impatience de nous lancer sur le Canal de Beagle. Nous vivrons un moment magique : observation des lions de mer, des cormorans, des pingouins, des cauquens marins ainsi que des baleines. Pouvoir observer ces animaux de si près est une chance incroyable, nous en sommes tellement conscients et reconnaissants.
Pour notre 3ème journée à Ushuaia, ce sera randonnée à la laguna Esmeralda. Le soleil est encore au rendez-vous, il n’y a pas de temps à perdre. La randonnée est simple mais c’est sans compter sur les endroits recouverts de boue et de glace. Nous rentrerons super contents mais avec des chaussures super sales.
Heureusement (ou pas) pour nous, notre 4ème et dernier jour en terre australe se pare de ses couleurs les plus froides et moins avenantes. Pluie, neige et vent ne cesseront de tomber et souffler. Du coup, on passera la journée en pyjama et les chaussures auront largement le temps de sécher avant le départ pour la destination suivante qui est prévu à 3 heures du matin. Et oui, quitter Ushuaia en hiver c’est dur !
Partir sur les routes de la Patagonie
Arriver à Ushuaia aura été un jeu d’enfant. En repartir ne sera pas si simple. Nous avons décidé de remonter le pays par la route, en bus.
Il est 3h du matin, nous voilà sur un trottoir à attendre le bus qui doit nous conduire à El Calafate. On nous annonce qu’il aura 1 heure de retard. On attend, toujours sur ce trottoir !! Il fait froid mais au moins il ne pleut pas. On se met à l’abri du vent et 40 minutes plus tard, le voici qui arrive enfin. En route pour 22 heures de bus. Nous allons au-devant d’un trajet qui va cheminer entre Argentine et Chili sans oublier 1 heure sur le ferry qui traverse le détroit de Magellan.
Les paysages sont secs, arides et étendus. Le vent souffle fort sur cette terre et cette végétation sèches. Les guanacos courent, nous jettent des coups d’œil et reprennent leur route. Sur le ferry, interdiction de descendre du bus, trop de vent, la mer est dangereuse. Effectivement, nous sommes sans cesse ballotés de droite à gauche. Nous assistons au lever puis au coucher du soleil. Des couleurs vives, intenses nous émerveillent encore un fois. Ces 22 longues heures de voyage sont fatigantes, évidemment, mais on se concentre sur la beauté des paysages.
El Calafate et El Chalten
Nous arrivons à El Calafate aux environs de minuit. Nous sommes attendus à quelques pas de la gare par les propriétaires de cabanes super confortables. De quoi bien mieux poursuivre notre nuit ! C’est donc en pleine forme que nous entamons la journée. Nous partons à la découverte de cette charmante ville patagonienne. Nous nous baladerons le long du Rio Fitz Roy , observerons les flamants roses, visiterons le musée paléontologique et nous dégusterons de délicieux petits plats traditionnels. Le jour suivant, après avoir contacté un chauffeur de taxi qui nous avait été recommandé par des copains belges rencontrés à Torotoro en Bolivie 😉, nous partons pour un après-midi incroyable. Notre destination : Le Perito Moreno ! Majestueux glacier vivant ! Les mots me manquent (encore une fois) pour décrire la beauté et la grandeur de ce géant monsieur glacé aux couleurs blanches et laiteuses. On l’entend vivre : tomber, craquer, rompre les silences de ses respirations au beau milieu de ces montagnes et de ce lac bleu laiteux lui-aussi. La contemplation est la seule chose que nous sommes capables de faire. Nous nous promenons tranquillement sur les passerelles qui nous permettent d’approcher au plus près ce monstre grandiose. L’expérience est incroyable. A chaque grondement, à chaque bloc de glace qui se détache, les chanceux spectateurs cessent de respirer, écoutent et admirent. Puis viennent les « wahouuuuu » et les applaudissements. Là encore ce sont des moments inestimables.
Il est temps de repartir et donc de remonter dans un bus, direction El Chalten. C’est 4 heures plus tard, que nous arrivons dans ce petit village de montagne. Les températures y sont très très froides en cette saison. Heureusement nous pourrons tout de même faire 2 belles randonnées en essuyant quelques belles chutes sur la glace. Heureusement pas de gros bobos. Ce petit village est très fréquenté pour ses randonnées. Et la star de ces dernières et le chemin qui mène au Fitz Roy. Nous sommes début juin, il a déjà pas mal neigé et gelé. Nous sommes plutôt mal équipés pour le grand froid et nous ne sommes pas du tout équipés en crampons et bâtons. Pour nous mettre en jambe, nous décidons d’aller jusqu’à la laguna Torre, soit 20 km de marche aller-retour. Le sentier ne voit pas le soleil en cette saison, information que nous ignorerions bien-sûr ! C’est donc gelé que nous rentrerons à l’appartement après 6 heures de marche. Le lendemain, nous partons direction la laguna Capri, sentier de randonnée qui permet d’avoir un magnifique point de vue sur le Fitz Roy. Cette fois, le chemin est exposé au soleil. La balade est beaucoup plus agréable, la vue sur le Fitz Roy est dégagée mais de belles glissades nous attendent à la montée et à la descente. Ces quelques endroits s’avèrent vraiment dangereux. Nous redoublons de vigilance mais nous aurons tous de beaux bleus en souvenir.
Déception à Bariloche
32 heures de bus pour arriver à Bariloche. Nous avions de beaux projets pour cette destination. Louer une voiture pendant 3 jours et partir à la découverte des 7 lacs. Malheureusement la météo n’a pas été clémente avec nous. Pluie et vent se sont faits capricieux pendant 4 jours. Après avoir passé le temps en mangeant du chocolat et de la fondue, nous changeons nos plans et nous fuyons.
Puerto Madryn, un coin de Patagonie où la vie est douce
C’est parti pour de nouveau 24 heures de bus. Cette fois, nous allons rejoindre l’océan. Ici, nous poserons nos sacs une dizaine de jours. Nous avons besoin de nous reposer (et oui, le voyage ce ne sont pas des vacances !). Nous fêterons également l’anniversaire de Lylou au bord de l’océan Atlantique, tout en contemplant le ballet des baleines. Nous sommes au tout début de la saison et des dizaines de baleines s’approchent des côtes chaque jour. C’est incroyable de pouvoir les observer depuis les plages. Nous verrons également des colonies de lions de mer, des flamants roses ainsi que deux- trois pingouins et un éléphant de mer perdus (car ce n’est pas la saison pour ces animaux-là).
C’est bien reposé et plus âgé donc 😉, que nous quittons la Patagonie.