Seuls dans la tundra russe

Voici la suite de l’article Premiers pas dans l’Oural Polaire, récit de notre aventure dans les Monts Oural en Russie.

Dans la tundra

Nous sommes à 67° de latitude Nord, c’est à dire au-dessus du cercle polaire. Nous sommes très exactement à la station du train du Grand Nord russe, Eletskaya, dans l’Oural polaire. N’ayant pas pu traverser la rivière Elets comme prévu, nous décidons de la longer en amont jusqu’à trouver un point de passage. Nous passons une première nuit calme. Au petit matin, c’est-à-dire à 3h30, nous sommes réveillés par la lumière du Soleil, et par le froid glacial. En effet, la tente a littéralement gelé !

Pour l’anecdote sur la tente, à l’arrivé, à l’aéroport de Moscou, nous récupérons nos bagages dont mon sac-à-dos, et là surprise, plus de tente ! Elle était bien accrochée mais a dû chuter dans les méandres des tapis roulants. Après avoir un peu râler à l’aéroport, nous nous étions empressés de trouver un magasin où racheter une tente. Nous avons fini par trouver un Décathlon, dont le gérant était français en plus, où nous y avons acheté une tente Quechua. Certes, ce n’était pas ma tente d’expédition, mais ça devrait faire l’affaire…

Le matin, après a voir remballés nos affaires, les matelas, les duvets, la tente, et après avoir pris le temps de boire un bon thé chaud, nous voilà en chemin, en suivant toujours la rivière Elets, encore intraversable. Nous pensions que le terrain dans la tundra était sec et dur, mais il se trouve que ce terrain possède un sorte de lichen épais qui nous fait nous enfoncer à chaque pas. De plus, étant dans la saison des pluies, le sol est gorgé d’eau, ce qui rend notre avancée difficile. Nous avons un temps dans l’Oural qui est très variable : beaucoup de vent, des alternances de pluie, de neige et de soleil.

Marche, marche, et ne te retournes pas

Petit à petit nous prenons notre rythme, faisant fi des aléas météorologiques, et malgré nos vingt kilos sur le dos, notre progression est soutenue. Quelques fois nous revoyons les rails du train du Grand Nord, au loin. Il nous arrive même de progresser sur ces rails, ce qui allonge notre distance, mais permet de nous reposer un peu.

Nous ne rencontrons absolument personne, pas âme qui vive. Nous avons l’habitude de planter notre tente toujours près d’un point d’eau, rivière ou lac, car sans eau, pas de boisson chaude, pas de nourriture, pas de toilette, même si cette dernière est anecdotique au vue des températures négatives ! Concernant la nourriture nous avons la possibilité de manger deux repas lyophilisés par jours, c’est à dire environ mille calories. Nous en dépensons environ trois mille cinq cent par jours. Autant dire que la fatigue se ressent jour après jour. En complément des plats déshydratés, nous avons amené un peu de riz, des barres céréales, des vitamines, ce qui pimente un peu nos repas. Chaque soir nous notons notre position sur la carte pour savoir exactement où nous sommes et où nous irons le lendemain.

Au cercle polaire, tout est différent, le jour se lève tôt et se couche tard, mais cela se décale chaque jours, d’environ trente minutes. Le jour, la luminosité est faible, mais quand le soleil sort, en deux heures, il est possible d’attraper un coup de soleil (j’en ai fais les frais). L’ambiance est vraiment étrange, on se croirait sur une autre planète. Tout est gigantesque et quasiment vierge de toute civilisation. Un sentiment de liberté totale est perçu.

Vers la station Oural Polaire

Le plus gros problème pour nous restera l’eau. Chaque traversée de rivière nous fait perdre beaucoup d’énergie, avoir les pieds mouillés est vraiment désagréable et nous fait perdre le moral. La pluie et la neige jouent également beaucoup sur notre état psychologique. Mais nous savions où nous allions et cela fait parti du jeu.

Après quelques jours de marche, nous atteignons la station Oural Polaire, frontière entre l’Europe et l’Asie. La station est minuscule, dans la gare une femme est là pour accueillir les éventuels voyageurs, même si cela est vraiment rare. Nous apercevons des engins de secours à chenilles, ils doivent servir à aider les aventuriers égarés. Le train y fait un arrêt de quelques minutes à chaque passage.

Nous nous reposons un peu à l’abri de la station, le temps de prendre un bon repas lyophilisé (pâtes à la carbonara pour moi !) puis repartons en direction des montagnes pour traverser la chaîne de l’Oural. Le temps s’empire, la température chute, le brouillard descend, ce qui nous attend va être difficile…

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